Construire l’écoute — Architecture & Musique : Influences réciproques
Architecture, music, research
Team Solo
Award Special Mention at the Architecture Master’s thesis Award of the Rémy Butler Foundation
Professors Paolo Amaldi & Philippe Potié
Year 2017 (master thesis)
De tous les arts, l’architecture et la musique sont à la fois les deux arts les plus opposés – l’une est matérielle, concrète, quand l’autre est immatérielle et impalpable – et les plus proches, car elles sont toutes deux les disciplines de l’espace et du temps. En effet, l’architecture se déploie dans l’espace mais ce n’est qu’à travers le temps et le mouvement que l’on peut percevoir ses objets et appréhender ses espaces. De son côté, la musique se déploie dans le temps, car sa structure est essentiellement chronologique, mais ce n’est qu’à travers l’espace que l’on peut la percevoir. De plus, une architecture a toujours une qualité sonore qui lui est propre, par sa forme et ses matériaux, qui lui confèrent ses caractéristiques acoustiques, et une musique peut être perçue comme étant déjà un espace en soi. Les deux interagissent d’une manière complexe : l’architecture, par son acoustique, façonne la musique, et la musique lit l’espace, comme le dit si bien le compositeur Luigi Nono. À travers un corpus d’œuvres architecturales et musicales, organisé en cinq grandes parties, l’idée générale de ce mémoire est de mettre en lumière les influences d’un art sur l’autre, en s’appuyant notamment sur la notion de l’écoute.
Précurseurs. Bref résumé des liens entre l’espace et le son, depuis la préhistoire jusqu’à Athanasius Kircher au XVIIème siècle, en passant par l’école polychorale vénitienne au XVIème siècle, dont la technique des cori spezzati (cœurs séparés) peut être considérée comme la première expérience de spatialisation de la musique.
Architectures de l’écoute. L’analyse de quelques dispositifs architecturaux de l’écoute montre que l’architecture a pu faire évoluer la musique, l’écoute ou encore notre rapport au son. Les kiosques à musique, les chambres anéchoïques, ou encore l’IRCAM de Renzo Piano à Paris, sont autant d’architectures au service de l’écoute.
Musiques qui ne s’écoutent pas. Quand les musiciens s’occupent de l’espace, ils changent le paradigme d’écoute de leurs compositions : de la Musique d’Ameublement d’Érik Satie à l’Ambient music de Brian Eno, en passant par la société Muzak, il s’agit de musiques qui s’affirment comme simples ornements architecturaux, comme musiques d’ambiance, ou encore comme musiques fonctionnelles, et qui refusent qu’on leur prête trop d’attention.
Écoutes de l’espace. À partir des cori spezzati du XVIème siècle, en passant par le Requiem d’Hector Berlioz en 1837 et jusqu’à aujourd’hui, les compositeurs sont de plus en plus à l’écoute de l’espace. John Cage, Karlheinz Stockhausen, Alvin Lucier, ou encore Pauline Oliveros, sont parmi les compositeurs ayant le plus utilisé l’espace comme matériau musical.
Architectures qui s’écoutent. La notion de Gesamtkunstwerk, d’œuvre d’art totale, prônée par Richard Wagner, a donné lieu a de nombreuses expériences synesthésiques où l’architecture et la musique font partie d’une seule et même œuvre, comme les compositions spatiales et sonores de Iannis Xenakis, la Dream House de La Monte Young et Marian Zazeela ou bien encore Prometeo, de Luigi Nono et Renzo Piano.
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